Mazeppa (Grandval)

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Mazeppa
Genre opéra
Nbre d'actes cinq
Musique Clémence de Grandval
Livret Charles Grandmougin et Georges Hartmann
Langue
originale
français
Création 24 avril 1892
Grand-Théâtre, Bordeaux

Mazeppa est un opéra de Clémence de Grandval sur un livret de Charles Grandmougin et Georges Hartmann, créé en 1892 à Bordeaux. L'histoire est inspiré par le personnage historique Ivan Mazepa, militaire cosaque.

Création[modifier | modifier le code]

Mazeppa est représenté pour la première fois à Bordeaux, au Grand Théâtre municipal, le [1].

Contrairement à ses précédents opéras, La Pénitente, joué à l’Opéra-Comique en 1868 pour 13 représentations, et Les Fiancés de Rosa, donné au Théâtre Lyrique en 1863 pour 7 représentations, Mazeppa n'a pas accès aux scènes parisiennes du vivant de la compositrice[2]. Il est en revanche reprogrammé à Bordeaux l’année suivant sa création[2].

Réception de l’œuvre[modifier | modifier le code]

« Ce soir, au Grand-Théâtre, deuxième représentation de Mazeppa, l’opéra de Mme de Grandval, dont la première a obtenu samedi dernier un si brillant, un si éclatant succès. Tout, en effet, concourt dans cette belle œuvre à la rendre attrayante. La musique en est variée, tour à tour rêveuse et énergique […] Tout le monde voudra donc entendre Mazeppa ; tout le monde voudra goûter le charme qui s’exhale des principaux morceaux de la partition »

« Théâtres, concerts et fêtes », La Gironde, 26 avril 1892, p. 3-4.

« Œuvre tout à la fois gracieuse et vibrante, réunissant toutes les qualités dramatiques et musicales indispensables à tout drame lyrique, Mazeppa mérite très certainement, grâce à la distinction et à la puissance de sa forme mélodique, à sa brillante orchestration, à l’imprévu de son harmonie, de prendre rang parmi les ouvrages de grand caractère que viennent de produire les musiciens en vogue de notre époque. Il est un tableau, le plus discret peut-être, mais aussi le plus langoureux et le plus poétique, qui m’a particulièrement frappé, c’est celui du jardin sous « la nuit lumineuse », comme dit le poème. Il circule dans toute cette scène un charme symphonique descriptif d’un intérêt captivant ; et tout au-dessus d’un orchestre tendrement jaseur, il y a de ces phrases caractéristiques entre le héros et l’héroïne, dans lesquelles la musicienne s’est réellement élevée à une très grande hauteur de pathétique, en se tenant toujours dans une gamme de sentiments intimes absolument vrais et profondément humains. »

BUFFENOIR, H., Nos contemporaines : la vicomtesse de Grandval.

« Sur ce livret, habilement construit et dont les incidents ne manquent point d’intérêt, Mme de Grandval a écrit une partition qui a été fort bien accueillie et dont le succès a été réel. On en a particulièrement signalé […] au troisième [acte], le prélude symphonique et le grand duo passionné de Matréna et Mazeppa ; et surtout, au quatrième, des danses très pittoresques et le finale de la malédiction. »

Dictionnaire des opéras, p.7248.

Argument[modifier | modifier le code]

Acte I[modifier | modifier le code]

En Ukraine, dans la Steppe, Mazeppa est étendu seul près de son cheval mort. Matréna apeurée par ses cris, se précipite pour aider l’inconnu et le soigner. Quand sa bienfaitrice lui annonce qu’il est en Ukraine, il a peur d’être entouré d’ennemis mais elle le rassure. Kotchoubey, père de Matréna et chef Ukrainien, demande à l’inconnu de se présenter et de conter ses mésaventures. Mazeppa raconte qu’il vient de Podolie, où il menait une belle vie jusqu’à ce que la jalousie d’un rival chamboule tout. Une nuit, il fut de force attaché à ce cheval et lancé en direction du désert. Le cheval galopa jour et nuit jusqu’à ce que des Polonais s’attaquent à eux.

Le chef invite Mazeppa à se joindre à eux dans leur lutte contre les Polonais. Mazeppa accepte et offre « sa force et sa jeunesse ». Kotchoubey va même jusqu’à demander à Mazeppa de prendre sa place à la tête de la troupe. Il se sent trop vieux « je ne suis plus le guerrier robuste à l’invincible vigueur » et il croit que le jeune homme leur a été envoyé par les Cieux/Dieu. Certains soldats, dont Iskra, s’étonnent qu’une telle responsabilité soit attribuée à un étranger. Mazeppa accepte et s’engage à honorer cette mission mais Iskra se promet de se venger.

Acte II[modifier | modifier le code]

Tableau 1 – Dans la maison de Kotchoubey[modifier | modifier le code]

Matréna et d’autres jeunes Ukrainiennes prient la Madone de les protéger et de les aider « pour nos chagrins, pour nos amours, pour la patrie ». A part, Matréna consacre une prière à Mazeppa « fais qu’il revienne triomphant le guerrier que j’adore et dont me vient ma peine ». Entre Kotchoubey qui fait part à sa fille de ses espoirs en Mazeppa et de l’honneur pour un chef de pouvoir donner sa vie pour son peuple. Cela effraie la jeune femme qui veut que son bien-aimé revienne vivant. Air de Matréna, mélange de souvenirs d’enfance et rêves pour l’avenir. Air interrompu par l’arrivée d’Iskra qui lui annonce la victoire des troupes contre les Polonais, victoire qui ouvre pour lui la perspective d’un mariage et d’une vie heureuse avec elle. Matréna le repousse fermement « Je t’aimais comme un frère, / Je t’aime encore ainsi ! ». Iskra suppose qu’un autre amour a pris place dans son coeur, mais Matréna nie jusqu’à ce que le soldat lui annonce la mort de Mazeppa au combat. A l’écoute de cette nouvelle, Matréna est tout à coup angoissée, désespérée et son émotion trahit ses sentiments. Des chants au loin crient au triomphe de Mazeppa, Matréna comprend la supercherie d’Iskra. Le guerrier se promet d’entraver cet amour.

Tableau 2 – La place de Poltova[modifier | modifier le code]

Grand cortège. Tout le monde acclame Mazeppa qui libère le peuple Ukrainien. Air de Mazeppa « Salut, salut, ô peuple bien aimé », au cours duquel il se dévoile à Matréna « au milieu des périls je te voyais sans trêve, et tes regards profonds, charmants comme un beau rêve, m’ont aidé, tu le sais, à revenir vainqueur ». La foule continue la célébration et le cortège se dirige vers l’église.

Iskra reste seul et se lamente sur son sort : il perd celle qu’il aime pour la voir dans les bras de celui qu’il hait. Paraît Kotchoubey, à qui le jeune soldat confie sa double peine : Mazeppa lui vole sa bien-aimée tout en vendant sa patrie. Iskra lui dit en effet savoir que le nouveau chef Mazeppa a prévu une alliance avec le roi de Suède pour faire tomber le Tzar. Le vieux chef est profondément outré. Iskra a fait mouche.

Iskra tente de mettre le peuple en garde contre Mazeppa. La colère est immédiate, la foule se révolte mais le chef réussit à retourner la situation et regagne la confiance du peuple. Il saisit ce moment pour demander l’exécution d’Iskra, mais Matréna intercède en sa faveur et obtient sa liberté. La foule continue à acclamer Mazeppa tandis qu’Iskra et Kotchoubey redoutent les événements à venir.

Acte III[modifier | modifier le code]

La nuit, dans le jardin de Kotchoubey, Mazeppa attend la venue de sa bien-aimée.

Air de Mazeppa, qui exprime ses sentiments pour Matréna et ses inquiétudes quant à Iskra, qui a su lire en lui et deviner ses projets. La jeune femme arrive. Duo de déclaration d’amour. Soudain naît la folle idée de s’enfuir tous les deux à travers le désert loin de tout mais, interrompus par l’arrivée d’Iskra et Kotchoubey, les amoureux se cachent et assistent à l’échange entre les deux hommes. Kotchoubey envoie Iskra dénoncer la trahison du jeune chef au Tzar. Mazeppa nie les faits et Matréna le croit et le rassure « je t’appartiens, avec toi je veux vivre et mourir s’il le faut ! ». Il pousse la question plus loin : qui choisirait-elle de son père ou de son amant, si une situation imposait de prendre position ? Subjuguée et perdue, la malheureuse jure d’être fidèle à Mazeppa et part avec lui.

Acte IV[modifier | modifier le code]

Au palais de Batourine, grande fête. Les guerriers et les seigneurs trinquent aux amours et à la liberté. Les jeunes femmes qui escortent Matréna, lui adressent un chant « Loin de la steppe en fleurs et de ton vert village, as-tu trouvé le vrai bonheur ? ». Matréna, troublée, veut danser.

Divertissement (constitué de cinq danses : entrée, mazurka, danse ukrainienne, la niéga et final)

Au loin résonne une marche funèbre. Matréna s’élance en direction des voix et reconnaît son père dans le cortège. Folle de rage contre Mazeppa, elle demande la libération de Kotchoubey . Son père intervient : il ne veut aucune grâce, préfère mourir en soldat et il maudit sa fille « Que sur toi retombe mon sang ! ». Matréna défaille pendant que Mazeppa se riant du « vengeur divin » envoie le vieux chef au supplice. Entre Iskra avec des ordres du Tzar : c’est la fin du règne de Mazeppa, il doit se rendre. L’Archidiacre fait exécuter les ordres du maître et maudit Mazeppa au nom du Seigneur. Le peuple en choeur maudit le chef déchu. Matréna demande le pardon mais ne l’obtient pas. Elle s’évanouit.

Acte V[modifier | modifier le code]

La Steppe, le soir. Mazeppa erre seul depuis trois jours, repoussé de tous, en ce même lieu où il avait été sauvé par Matréna et adopté par les Ukrainiens. La voix de Matréna se fait entendre, elle chante la chanson des jeunes femmes, d’une voix hésitante et troublée. Elle s’approche de l’homme sans le voir. Il l’interpelle mais elle ne le reconnait pas, jusqu’à ce qu’il dise son nom. « Toi le traitre, l’infâme ! », c’est avec fureur que la jeune femme l’accable et le maudit. Désespéré, il s’approche d’elle et chercher à l’étreindre, mais c’est trop tard. Matréna se dégage, vacillante et se sent soudain appelée par Dieu. Elle meurt, laissant Mazeppa seul, maudit de tous.

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. Indiqué sur la partition piano-chant éditée en 1892 par Choudens Fils (Paris).
  2. a et b Florence Launay, Les compositrices en France au XIXe siècle, Paris, Fayard, 2006, p.404 et p.440.

Liens externes[modifier | modifier le code]